jeudi 19 mars 2015

La magie de Bouchéry, l'improbable maison de ville bruxelloise

J'ai (re)découvert Bruxelles il y a peu, une petite année, un lieu qui - je le savais - me toucherait beaucoup. Et j'y ai fait de si jolies rencontres et de si belles découvertes culinaires que je me suis empressée d'y revenir à la moindre occasion. Et les opportunités n'ont pas manqué, notamment grâce à ma bruxelloise d'adoption préférée, la pétillante Betty. 

Bouchéry ça n'est pas qu'une cuisine, c'est tout un état d'esprit. Damien aux fourneaux, mi-sérieux mi-joueur, Bénédicte en salle, passionnée de vins (naturels) et de cueillette, mais aussi de scénographie (elle est à l'origine de La Bouche, jeune agence de direction artistique culinaire), talent que l'on ressent dans la décoration du restaurant, une touche de turquoise dans le luminaire, une vaisselle brute et raffinée, de belles chaises en bois verni, des alcôves de lumière qui font rêver. Le lieu est pur, baigné de lumière en journée, les ombres des arbres du jardin planent et apaisent l'atmosphère, le temps s'arrête. 



J'ai eu un premier coup de cœur pour le restaurant Bouchéry en septembre, avec un merveilleux dîner à quatre mains orchestré par Bénédicte et Damien (du restaurant Bouchéry, donc) et Marie-Hélène et Jérôme du restaurant Les Grès à Lindry. S'en suit un deuxième diner, tout aussi haut en saveurs que le précédent. 
Avec, à manger (vingt-et-un services en comptant toutes les petites bouchées salées comme sucrées)(oui oui j’ai mangé tout ça), pour vous donner une idée : Eau de tomate, pickles tomate verte et carpaccio de bar / Mikado d'herbes sauvages, pulpe de pomme et oxalys / Tuiles aux graines de lin, caviar d’aubergines / Coco de paimpol, émulsion petit lait et curcumin / Chips de pain, crème de noix et navet / Cochon pressé, radis germé / Aile de volaille / Poêlée de cèpes, velouté de café et déclinaison de panais / Bulots, poire grillée, crème de noix de cajou et oignon mariné / Daurade, manioc, céleri rave et jus lacté / Chanterelle, pickles, betterave, chèvre frais et noix fraîches / Saumon d'Ecosse mariné, mandarine rôtie, sarrasin / Suprême de poule faisane, purée de mirabelles et mouron des oiseaux / Granité képhyr et angélique / Foie et cœur de poule faisane, racine de persil et câpres / Fromages (Ricotta et marmelade de figues, chèvre nature, chèvre cendré, vache et feuille de figuier, tomme de brebis, vache et piment d’espelette) / Granité oseille et graines de courges / Pulpe de patate douce, carottes confites et sorbet de carotte sauvage / Pomme, sorbet menthe aquatique et crème de lait de chèvre
Et à boire (forcément) : Champagne Les Murgiers de Francis Boulard / Sivi Pinot, slovenia, 2011 Štekar (Goriška Brda) / Sancerre Skeveldra 2010 de Sébatien Riffault / Les Nourrissons, Domaine Stéphane Bernaudeau (Vallée de la Loire, Chenin) / Le vin des Amis, Jean-François Coutelou (Languedoc) / Autrement 2011, Jacques Maillet, Savoie / La Bulle du facteur, Domaine de Beaumont (Mathieu Cosme, pétillant naturel, chenin, Vouvray)



Puis, de nouveaux instants magiques à l'occasion de la dédicace de mon ami Laurent pour son superbe livre 'Le Prolongement du Geste' à la librairie Filigranes Corner à Bruxelles. Ou comment prolonger avec délice(s) une merveilleuse soirée jusque tard dans la nuit, autour de plats toujours aussi surprenants et délicieux, de fantastiques vins (ma mémoire est "volatile", je ne me souviens pas de tout), en charmante compagnie : le Mâcon-Village '12 de Philippe Valette (Bourgogne), l'Echalier '11 de Sébastien Bobinet (Saumur-Champigny), Lamoresca Bianco (Sicile), le Brutal de Patrick Bouju (Auvergne)…




Chaque diner est unique, surprenant, savoureux. La cuisine de Bouchéry est faite d'amour et de curiosité, un bonheur pour le gourmet. Finesse, maîtrise et innovation se retrouvent dans l'assiette avec élégance, et l'accord des vins est d'une justesse réjouissante. Certains dissocient la cuisine et l'art, mais je dois avouer que parfois, comme ici, ces deux disciplines se rejoignent naturellement avec virtuosité. 




Alors oui, les photos sont de piètre qualité, il faudrait demander à la demoiselle patronne de changer l'éclairage, mais on l'aime cette lumière tamisée, c'est ce qui fait tout le charme - du moins une partie - du lieu, et finalement ça n'est pas si mal de ne pas pouvoir photographier des plats qui, en réalité, sont plus des moments vécus que des tableaux figés. C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles j'ai longtemps remis ce blog en question. Car ce qui me plait avant tout dans un repas, c'est son histoire, les sensations et les souvenirs qui perdurent… Malheureusement, vu ma pauvreté d'écriture, je ne peux réduire cet espace à des mots, et ne plus illustrer ce que je tente de transmettre me semble inconcevable. 
Toujours est-il que chez Bouchéry, la vie est belle, le reste on s'en fiche pas mal.



Bouchéry, Chaussée d'Alsemberg 812/A, 1180 Bruxelles, Belgique



1 commentaire: